Prud’homme, Aimable, Privat
Verchuren, Attard, Noguez
Duleu, Horner, Boisserie
Bazin, Baselli,
Lorenzoni…
Vous allez me dire : - Que viennent faire ces petits rigolos à côté de géants de la musique ?
Et bien ce sont aussi des musiciens !
Des virtuoses ou des tacherons, autodidactes ou sortis du conservatoire ; ils ont tous un point commun : aller à la riflette sans peur du rififi. Ils jouent « musette » chez le populo les airs qui font tourner les couples et valser les chaussons, ça sent la socquette humide et le tabac de contrebande On guinche jusqu’au petit matin à condition de « passer la monnaie ». C’est les années 40 du temps du Balajo et des mauvais garçons. Gus Viseur a déjà fait swinguer les dancings et jazzer la java de la Belgique au Hot Club de France ; Jo Privat improvise sur Caravan avec les manouches de Paris , le boogie, le mambo et le rock n’ roll viendront côtoyer valse, tango et paso-doble…
En France les accordéonistes ne chantent pas, ils se contentent de sourire pour tenter de rivaliser avec l’éclat des boutons de nacre de leur instrument. Emile Prud’homme, présente, plaisante et chante un bout de refrain à l’occasion ; c’est tout. Linette Dalmasso issue du même milieu prendra la parole dans les années 70 pour chanter l’écologie, c’est une exception. Yvette Horner qui a promené son sourire de ville en ville perchée sur le toit d’une voiture publicitaire de la caravane du Tour de France avait dit-elle, des moucherons plein les dents à la fin de la journée.
Là, c’est la faute au twist si ce disque existe, nous sommes en 1961 et le label Festival surfe sur le succès des Chaussettes Noires (Daniela) et d’Adriano Celentano pour continuer à exploiter le filon. Complété de deux standards rayés et étoilés, Marcel Azzola signe ce super 45 tours ou les reprises sont traitées à l’instrumental : l’accordéon remplace la voix et exécute la mélodie de la chanson original. Ce système de « cover » des succès du jour nourrira tous ces accordéonistes pendant des décennies pour prendre fin fautes de combattants au début des années 80 avec l’accordéon-disco. Le soufflet est retombé !
Pour moi, l’accordéon c’est le piano à bretelles, Le piano du pauvre disait Ferré, et même si vous ne lui accordez que peu de crédit « accordez-donc l’aumône à l’accordéon » comme disait Gainsbourg. Ce qui nous amène à ma conclusion : de Marcel à Zola il n’y a qu’un pas !
Marcel Azzola : New accordion rock’ - super 45 tours Festival – 1961 (Photo : Ferembach)
Voilà, je terminerai tout à fait cette fois avec une citation d’avant-guerre de Fréhel rapporté par un accordéoniste dont j’ai oublié le nom : « Joue plus fort petit, il faut que je pisse » !
Bruno Lagabbe dit Le Colonel - mars 2024
Le Colonel et ses amis réalisent « Opération Kangourou » : émission radiophonique de microsillons hors d’âge sur p-node.org (DAB+ Paris/Mulhouse) le samedi à 15h.